C’était un homme doux, de chétive santé, Qui, tout en polissant des verres de lunettes, Mit l’essence divine en formules très nettes, Si nettes que le monde en fut épouvanté.
Ce sage démontrait avec simplicité Que le bien et le mal sont d’antiques sornettes Et les libres mortels d’humbles marionnettes Dont le fil est aux mains de la nécessité.
Pieux admirateur de la sainte Ecriture, Il n’y voulait pas voir un dieu contre nature ; A quoi la synagogue en rage s’opposa.
Loin d’elle, polissant des verres de lunettes, Il aidait les savants à compter les planètes. C’était un homme doux, Baruch de Spinoza.